L’information circulait depuis quelques jours : le gouvernement
socialo-écologiste mobilisait des troupes de gardes mobiles et de CRS
(plusieurs centaines), des tractopelles pour déloger les occupants et
occupantes installé-e-s, un peu partout, sur la zone d’aménagement
différé, faite de bocages, de terres agricoles, destinée à construire le
futur aéroport international de Notre-Dame-des-Landes, en
Loire-Atlantique.
Si, pour le moment, ne sont visés que les occupants considérés comme
illégaux par les tribunaux, les procédures sont en cours pour expulser
les propriétaires, les locataires et paysans concernés de la zone.
Cet endroit avait été rebaptisé Zone à défendre (ZAD) par les
résistants et résistantes opposé-e-s à l’aménagement capitaliste du
territoire, à un projet ruineux qui ne répond pas aux besoins de la
population, mais à des ambitions politico-financières, et qui
saccagerait l’environnement. Il y a 40 ans que ce projet existe et que
les premières expropriations ont débuté.
Cette zone à défendre appartient, légalement, à la multinationale
Vinci, chargée de construire et gérer ensuite cet aéroport, dans le
cadre d’un partenariat public-privé, très avantageux pour le groupe
financier. En effet, les collectivités locales s’engagent à compenser
les éventuelles pertes qui pourraient survenir... durant 55 ans !
Mais cette ZAD est aussi devenue, depuis plus de 3 ans, le lieu
d’expériences alternatives et autogérées très intéressantes pour plus
d’une centaine de personnes y résidant et pour les milliers qui y sont
passées, appréciant la créativité : terres maraîchères défrichées
collectivement, construction de cabanes, de fours à pains, cuisines
collectives, rencontres, échanges de savoir (de la sérigraphie à la
découverte des plantes sauvages comestibles), concerts à prix libre, une
radio locale (Radio Klaxon), une revue (Lèse béton)…
Ce projet d’aéroport est porté, en particulier, par l’actuel Premier
ministre Jean-Marc Ayrault (ex maire de Nantes et ex député, conseiller
municipal de Nantes et conseiller communautaire de Nantes métropole,
depuis le 21 juin 2012), qui en fait une affaire personnelle, sans doute
afin de laisser son nom glorieux dans l’Histoire des "grands
chantiers". Nul-le ne peut donc être surpris-e du déploiement massif de
forces de l’ordre pour satisfaire les intérêts d’un potentat local, des
partis politiques alliés officiellement dans cette affaire (PS et UMP)
et de ceux qui le sont, de fait, comme EELV, en tant que
co-gestionnaires au Gouvernement et au Parlement. Les soi-disant
écologistes de EELV, une fois de plus, retournent leur veste – malgré
leurs rodomontades pré-électorales contre l’aéroport – pour le confort
de quelques ministères.
Ainsi, mardi 16 octobre, les forces de l’État ont commencé, tôt le
matin, à déloger des habitant-e-s de la ZAD, détruisant des habitations,
en murant d’autres. Bien prétentieux et décalé de la réalité, le préfet
annonçait, dès 10 h 30, que la mission était accomplie. Or, si certains
lieux d’habitation ont été démolis, fermés, la résistance continue de
plus belle et reçoit de plus en plus de soutiens !
La Fédération anarchiste se déclare entièrement solidaire de la lutte
des résistant-e-s à l’aéroport et à son monde glacé du Capital et de
l’État ; en un mot : du Pouvoir. La Fédération anarchiste apportera
toute l’aide qu’elle peut, à la mesure de ses moyens, pour que ceux et
celles qui y habitent puissent continuer à faire vivre cette Zone à
défendre.
Fédération anarchiste, secrétariat aux relations extérieures